Samosate, ville de la Syrie,
fut la patrie de saint Lucien; il reçut
de ses pieux parents une excellente éducation,
mais il eut le malheur de les perdre à
l'âge de douze ans. N'ayant plus aucune
attache au monde, il vendit ses biens, se
fit moine et n'ambitionna qu'une gloire:
celle de consacrer ses grands talents et
sa vie entière à la connaissance
des Saintes écritures et à la
défense
de la vraie foi. Bientôt une école
se forme autour de son nom à Antioche,
et bon nombre de jeunes gens viennent chercher
près de lui les leçons de la
science et de la vertu. Son zèle émeut
les ennemis de la religion de Jésus-Christ;
il est arrêté par ordre de
l'empereur Maximin et passe neuf ans
dans un cachot.
Là, il trouve le moyen d'écrire
des lettres aux habitants d'Antioche pour
les consoler et pour les affermir; il compose
une savante apologie de la religion, qu'il
ose présenter à ses juges.
L'empereur essaye lui-même de vaincre
ses résistances.
Après avoir employé
en vain les plus séduisantes promesses,
l'empereur l'expose à la dent des
bêtes
féroces; il lui fait subir les divers
supplices de la roue, duchevalet, du feu,
et d'autres encore; chaque tourment aboutit
à une miraculeuse victoire. Le héros
chrétien est reconduit en prison,
où
il passe quatorze jours dans les privations
et les souffrances. L’épiphanie approchait,
et Dieu fournit à Son martyr la
force et les moyens de la célébrer;
il n'y avait point d'autel, et le cachot
infect
n'était pas approprié au sacrifice:
"Ma poitrine, dit le Saint à ses
disciples inquiets, servira d'autel, et
vous
qui m'entourez, vous formerez le temple qui
nous dérobera aux regards des profanes."
Une dernière fois,
Lucien est appelé devant le tyran,
qui l'interroge: "Quelle est ta patrie?
« Je suis chrétien! » Quelle
est ta profession? « Je suis chrétien! » Qui t'a donné le jour?
« Je suis chrétien ! »"
Est-il rien de plus sublime que cette réponse?
Elle fut bientôt suivie de la récompense,
car Lucien jeté à la mer après
avoir été attaché à
une pierre énorme, consomma ainsi
son sacrifice.