Le tout premier catéchisme en langue arabe en espagne au XVIième siècle.
Ce
catéchisme ou “doctrina
christiana en lengua araviga
y Castellana, Valencia 1566 ” est, à juste
titre, le tout premier livre
de ce genre destiné aux “moriscos” ou
musulmans d’Espagne convertis
après la reddition de Grenade
en 1492 et l’écroulement définitif
du royaume arabe en Péninsule
Ibérique.
Les Capitulations signées entre les Rois Catholiques
Ferdinand et Isabelle et le roi Maure
de
Grenade Abou-Abdallah, dit Boabdil,
postulaient la pleine garantie
des droits d’un million et demi
des musulmans d’Andalousie dans
leur langue, leur liberté de
religion et leur état civil,
comme si rien n’aurait changé.
Cet état de choses ne dura pas longtemps. Les Rois Catholiques
s’attendaient, entre-temps, à ce que les musulmans, en s’intégrant dans la
nouvelle société unifiée politiquement,
ne tarderaient à le faire religieusement.
Au bout de sept ans ils entreprirent
une campagne d’intimidation et
de contrainte qui donna lieu à une
insurrection dans les rangs des
vaincus et la mort d’un grand
nombre dans les deux camps. Conséquence
de tout cela fut un nouveau décret–loi
ordonnant l’expulsion de quiconque
n’adopterait pas la religion
de l’état unifié. Pour sortir
de cet embarras, les musulmans
firent semblant de se faire baptiser,
mais d’un baptême par contrainte,
sans aucune conviction ni préparation
dans la doctrine chrétienne.
Force en est donc de les initier à cette
religion.
La première initiative
dans ce sens eut lieu dans le diocèse
de Valence par les soins de son
archevêque Martin de Ayala
qui confia à une équipe de ses
prêtres et missionnaires, connaissant
l’arabe, de rédiger un petit
catéchisme bilingue contenant
les prières et les éléments principaux
de la religion chrétienne à l’adresse
de ces 150,000 néophytes musulmans
de son diocèse. Il fut édité en
1566 ; le texte original
est écrit en langue castillane
et en dessous de chaque mot on
trouve la traduction arabe écrite
en caractères latins.
Il s’agit d’une traduction servile sans tenir compte des
règles grammaticales ni de la
terminologie chrétienne des expressions
techniques ; d’autres expressions,
par contre, sont maintenues dans
son original latin, comme : Missa,
hostia, caliz, confiteor, pater,
credo, sanctus, etc.
Le fascicule est de 24 pages et composé de petits titres,
comme : le signe de la croix,le
Pater Noster, l’Ave Maria, le
Symbole des Apôtres, le Salve
Regina, l’acte de confession,
les 10 commandements de Dieu,
les 6 préceptes de l’Eglise,
les 7 péchés capitaux, les 14
actes de la miséricorde corporelle
et spirituelle, les 7 sacrements
de l’Eglise, les 3 vertus théologales,
et finalement la partie de la
messe correspondant aux fidèles.
Le
texte du catéchisme est précédé d ‘une
lettre épiscopale aux catéchumènes
musulmans les invitant à apprendre
de son plein gré cette doctrine
et de s’en convaincre, et se termine
par une autre adressée aux catéchistes
connaissant la langue arabe leur
ordonnant de prendre au sérieux
cette tache d’évangélisation des
musulmans du diocèse de Valence.